Cap sur l'Ecole inclusive en Europe.

L’esprit des lois en Europe et l’éthique de l’inclusion
Cours N° 3: Les limites de l’inclusion

 

 

Durée et tenue du débat : 2 heures (dont 1/4 heure de pose). Cette durée peut être modulée en fonction de la richesse des interventions et du nombre de participants.

Une heure est laissée aux participants pour réfléchir aux questions posées et consulter les fiches ressources.

En fin de débat une demi- heure est consacrée à ordonner et synthétiser les interventions.

Un animateur du débat doit être désigné en début de séance.

 

 

Contenu

si l’inclusion scolaire est la règle, peut-elle être appliquée de façon absolue ? La convention de l’ONU est fondée sur des considérations éthiques. Les conditions de l’inclusion ne doivent donc pas s’éloigner de ces préoccupations.

Elle préconise la mise en œuvre de moyens « raisonnables », ce qui à contrario semble indiquer que l’inclusion n’est pas souhaitable lorsque les moyens nécessaires sont « déraisonnables ». Encore faut-il s’entendre sur les termes de « raisonnable » et « déraisonnable » qui jalonnent les limites de l’inclusion.

Peuvent également limiter le champ de l’inclusion scolaire, d’autres causes liées à un défaut d’optimisation des moyens mis en œuvre ou à l’insuffisance de ces moyens. Il s’agit de bornes qui peuvent être dépassées par l’adaptation des politiques éducatives, mais qui constituent parfois des limites bien réelles.

 

 

Supports à consulter

ARTICLE  CATHERINE REVERDY

 

APPRENDRE (DANS) L’ÉCOLE
INCLUSIVE

Institut francais de l'Education

La Norvège et le handicap 

 

Développement

Remettre aux participants les fiches ressources sur « les limites de l’inclusion scolaire » et « la conviction de l’éducabilité : un pré-requis pour enseigner »

Description de la démarche d’apprentissage

Réponses attendues :

1/ La Convention de l’ONU préconise la mise à disposition de « moyens raisonnables », ce qui implique a contrario qu’il est admis que l’inclusion a des limites lorsque les moyens à mettre en œuvre pour inclure sont « déraisonnables »

On ne trouve pas dans la convention de l’ONU de définition, ni de classification, de ces « moyens raisonnables ». Il faut donc en interpréter le sens.

En se fondant toujours sur les considérations éthiques qui sont à la base des préconisations de l’ONU, on peut penser que l’inclusion scolaire n’est pas souhaitable lorsque :

  •  Elle entraine une souffrance de l’enfant à laquelle l’école ne peut pas répondre, malgré une organisation sans faille. L’inclusion forcée serait dans ce cas contraire à l’éthique.
  •   Le handicap est tel que des équipements spécifiques sont nécessaires et ne peuvent se trouver que dans des établissements spécialisés

Malgré ces limites, que seuls les progrès scientifiques peuvent faire reculer, le champ de l’inclusion est largement ouvert à la plupart des enfants handicapés ou à Besoins Educatifs Particuliers

2/ Une organisation scolaire conçue pour isoler les élèves à Besoins Educatifs Particuliers dans des classes spécialisées tout en les immergeant dans des classes ordinaires la majorité du temps présenterait de graves inconvénients :

  •   Stigmatisation de ces élèves dont on montre la différence
  •   Sous-utilisation des compétences des enseignants spécialisés dont la présence en classe ordinaire faciliterait le travail des enseignants et profiterait à tous les élèves
  •   Division du travail nuisible à l’esprit d’équipe
  •   Impact de la présence de ces enfants sur le reste de la classe escamoté alors que beaucoup de pédagogues ont montré leur effet bénéfique sur l’apprentissage du vivre ensemble

Une telle organisation serait un exemple de mauvaise utilisation des moyens mis à disposition, et une façon de détourner l’esprit des lois pour des objectifs de facilité à court terme.

 

3/ En réalité on trouve encore de nombreux obstacles qui limitent les objectifs d’inclusion. Par exemple sur le panel constitué par les pays du partenariat on constate fréquemment :

  •   L’insuffisance de la sensibilisation au handicap du personnel éducatif et de l’encadrement. Tant que le regard sur le handicap n’aura pas changé, et que la notion d’éducabilité n’est pas entrée dans la formation des enseignants et des cadres, la tendance à créer des structures spécialisées pour traiter certaines formes de handicap, notamment mental, constituera une solution de facilité à court terme qui nous éloigne des objectifs d’inclusion. Dans des perspectives à long terme cette option est une gabegie, tant du point de vue financier que sociétal, car elle fait courir des risques de désocialisation de l’individu, et une forte probabilité de sa prise en charge par la société tout au long de sa vie.
  •   L’insuffisance de la formation des enseignants qui, malgré une forte implication, se trouvent désarmés face au défi éducatif qui leur est proposé.
  •   Le cloisonnement des intervenants qui nuit à l’efficacité des actions pédagogiques, alors que les moyens mis en œuvre sont souvent importants.

Dans la plupart des pays Européens le chemin de l’inclusion est encore long. Elle passera forcément par le débat sur la "désinstitutionalisation", c'est-à-dire la suppression (quasi-totale) des structures spécialisées. L’exemple Italien est édifiant qui a permis de faire avancer considérablement les objectifs d’inclusion. Faire reculer les limites de l’inclusion est à ce prix, mais est possible.

Pour y parvenir il faut avant tout une volonté politique forte, qui aborde le problème de la "désinstitutionalisation" de façon globale. Il ne suffit pas de faire des lois si elles ne sont pas respectées dans les faits, et si les objectifs ne sont pas clairement assimilés par ceux qui sont en responsabilité de les appliquer.

Sur le long terme les Etats ont tout à gagner en avançant sur le chemin de l’inclusion la seule option qui vise la socialisation des individus et leur autonomie.

 

 

 

LES AUTRES MODULES

 

 

 

TUTORIEL